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LES FOULES DE LOURDES

conscience, il doit renoncer à un tas de plaisirs qui le séduisent, ici-bas, renverser sa vie aux pieds d’un prêtre et, s’il est célibataire, demeurer chaste. S’il ne le fait pas par respect humain, par lâcheté, c’est alors, à l’état permanent, un malaise sourd, un reproche.

Le miracle est, en somme, le coup de glas des passions terrestres ; l’on comprend pourquoi l’on n’en veut pas !

Aussi le brave homme préfère-t-il s’appliquer un bandeau sur les yeux, ne rien entendre et ne rien savoir. Que de personnes j’ai connues, ainsi ! elles étaient parvenues à se fabriquer une certaine croyance qui reposait surtout sur des négations et leur permettait de vivre à leur guise ; et ces gens ne désiraient même pas en être délogés par le spiritisme, car ils craignaient la réalité de ce surnaturel de table d’hôte qui les eût forcément incités à penser à l’autre ; ils étaient assis, placides, dans la vie… et, d’ailleurs, quelle histoire ! s’ils arrivaient à être convaincus de la divinité de l’Église, il leur faudrait donc avouer qu’ils s’étaient trompés et servir de risée à leurs amis !

Aussi peu importe pour les sceptiques de cet acabit que les arguments invoqués contre Lourdes soient sérieux ou futiles ; ils ne tiennent pas du tout à les approfondir ; ils les prennent, ainsi qu’un paravent quelconque derrière lequel ils peuvent se ré-