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LES FOULES DE LOURDES

de cuivre, en couronne, munies de larges plateaux, hérissés de pointes sur lesquelles des cierges empalés brûlent. Au fond de la grotte, au ras du sol, le long du roc, s’étendent trois rampes de fer noir, trouées d’anneaux dans lesquels s’emmanchent les troncs des cires ; ceux du bas, plus grands, sont, à vrai dire, moins des cercles que des entonnoirs dont ils imitent vaguement la forme ; ceux-là s’emploient plus spécialement à étreindre les énormes cierges à soixante francs qui durent pendant des semaines ; puis des ifs, enfoncés dans la pierre, et de petites broches sont, çà et là, piqués près d’une excavation couverte d’un filet où l’on dépose les lettres, aux levées trop humaines, de la Vierge.

Et tous ces cierges grésillent, se calcinent, différents selon leur rang de taille et suivant leur prix ; les minuscules s’effondrent autour d’un pied de mèche qui champignonne, en passant du rouge cerise au noir ; de plus gros, plus lentement s’épuisent en des ruisseaux d’eau de riz qui se congèlent, peu à peu, en des flaques d’un blanc gras ; d’autres se strient de cannelures et ressemblent avec leurs sillons vermiculés et leurs exostoses aux branches verruqueuses des ormes : d’autres encore poussent, en quelque sorte, au-dessus de leur mèche et se consument, ainsi que des veilleuses au fond d’un verre qui se gaufre de guipures, se festonne de ramages, de même que les papiers à