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LES FOULES DE LOURDES

va, l’on vient, l’on vire, au milieu de ce brouhaha mais toujours pour aboutir, par un chemin ou un autre, à la grotte.

Cette grotte, de forme irrégulière, assez haute, dès son seuil, moins élevée lorsqu’elle se recule et très basse sur l’un des côtés, elle se pare d’ex-voto de toute sorte, de béquilles carbonisées qui dansent, attachées à la voûte par des fils de fer, au moindre vent, d’un autel portatif sur lequel les évêques célèbrent la messe et d’un petit tombereau à roulettes, le tombereau à fumier des cires.

À gauche, près de la fontaine, se carrent un abri de pierre servant de logette de garde et de sacristie et un peu plus loin une boutique où se débitent de la bondieuserie et des cierges ; à droite, presque sous le trou en amande dans lequel apparut, ainsi qu’en un cadre, la Vierge, une chaire, installée à demeure, est occupée, pendant les temps de pèlerinages, par des missionnaires ou des prêtres qui dirigent, de même que des catapultes, les prières des foules contre les vantaux du ciel, pour en faire jaillir, comme par les portes d’une écluse brisée, des torrents de grâces.

Cuite par les cierges, tapissée, telle qu’un fond de cheminée, par une suie toujours tiède, cette grotte de Massabieille elle est, avec son brasier qui ne s’éteint jamais, curieuse à étudier.

Près de la grille d’entrée se dressent des herses