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LES FOULES DE LOURDES

avec tout juste un bout de noir au capuchon, met un sourire de blancheur dans le ton foncé des habits et des robes.

Les prêtres, à figures de terriens et de pêcheurs, s’impatientent de ne pouvoir hâter la marche du troupeau, mais ils ont beau s’évertuer en remontrances, les femmes s’égaillent et l’une d’elles, arrêtée au milieu du pont, sur le trottoir, pour se faire cirer ses chaussures, discute avec le frotteur qui lui réclame deux sous et prétend n’en devoir qu’un parce que, dit-elle, ses pieds ne sont pas grands.

Enfin, la procession atteint un saint Michel de bronze qui valse sans grâce sur le corps renversé d’un vague notaire déguisé en démon et dépasse le monument du Calvaire, placé au début de l’esplanade, et offert par cette même Bretagne à la Vierge de Lourdes ; le prêtre qui tient la tête du cortège fait halte et se retourne, le bétail l’imite ; il lève le bras et le cantique commence, tandis que le défilé reprend :


Nous venons encore du pays d’Arvor,
Où le sol est dur, où le cœur est fort,
Fiers de notre Foi, notre seul trésor,
Nous venons du pays d’Arvor !


Et, tous se dirigent vers la grotte, fendant une multitude de pèlerins de toutes les provenances qui