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LES FOULES DE LOURDES

se différencient par leurs insignes, car, ici, tout le monde affiche un ruban ou une rosette, tout le monde est décoré ! les Belges portent à la boutonnière une minuscule cocarde, noire, jaune et rouge, les couleurs de leur drapeau ; les Bourguignons, les mêmes couleurs, barrées d’une croix de métal ; les Normands, une croix de flanelle rouge ; les Bretons, un Sacré-Cœur également taillé dans de la flanelle rouge ; les Berrichons, une marguerite blanche sur un fond de cendre bleue, et combien d’autres !

Ballottés par le remous de cette foule, remorqués en avant et refoulés en queue par les sœurs du Saint-Esprit et par le clergé, les Bretons arrivent pourtant à la grotte, mais tout est plein. Le long de la rivière fourmille et l’espace est bien restreint entre les grilles de la grotte et les parapets du Gave. Les brancardiers, chargés de maintenir l’ordre, se placent en vis-à-vis et tendent des cordes pour assurer un sentier libre aux voilurettes des malades qui descendent de l’hôpital. À cette heure, la basilique, la crypte qui la supporte et le Rosaire regorgent ; des groupes stationnent devant les portes laissées ouvertes et entendent, de loin, la messe, et voilà que la colline des Espélugues, sur laquelle est planté le chemin de croix, s’anime, tourne sur elle-même en une lente spirale et chante.

Elle semble marcher avec les gens qui montent