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LES FOULES DE LOURDES

à des époques où le plus élémentaire bon sens défend à une femme de prendre un bain — et souvent, dans ce cas-là, l’eau se change, d’un coup, en une mare de pourpre — et personne n’est frappé de congestion, personne ne se ressent du saisissement glacé du bain et du manque d’essuyage. — Les pansements antiseptiques, tant vantés par la chirurgie, sont tout bonnement remplacés, ici, par des compressés d’eau de Lourdes et les plaies ne s’en portent pas plus mal. Jamais pareilles nazardes ne furent infligées à l’hygiène et pareils camouflets à la médecine. Ici, aucune infection ne se produit et aucune maladie, si elle n’est guérie, ne s’aggrave ; et cette exemption s’étend aussi à l’hôpital où presque jamais les alités, exténués pourtant par les fatigues du voyage et arrivés presque mourants, ne trépassent. Les décès sont, en effet, très rares dans l’établissement de Lourdes. En prenant une moyenne de quatre jours et un chiffre de mille malades qui donneraient dans les autres hôpitaux une mortalité de vingt au moins pour ces quatre jours, nous trouvons qu’ici — et depuis vingt années — les morts se réduisent, dans les mêmes conditions, à une ou deux.

Comment, si l’on ne croit pas à une intervention divine, expliquer cette impunité assurée à Lourdes seulement et tant que l’on sera dans la zone protectrice de la Vierge ?