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LES FOULES DE LOURDES

une discipline amicale et un ordre parfait. La nourriture, bien préparée, est servie à l’heure ; tous ceux qui ne peuvent manger seuls sont assistés ; des prêtres se tiennent à la disposition des grabataires désireux de se confesser ; des brancardiers sont en permanence pour les emmener à la grotte et les en ramener ; et pourtant quelques sœurs de Saint-Frai, chargées de la cuisine et des salles, suffisent à la tâche, aidées par les infirmières qui accompagnent les trains et les dames de l’hospitalité de Notre-Dame de Lourdes.

C’est la division du travail, la distribution de la peine, très sagement conçues. Depuis des années que ce service fonctionne, tout marche sans encombre ; mais, il faut le dire aussi, les malades venus pour demander à la Vierge de les guérir sont des malades pieux et résignés, très doux, et celles qui les gardent le font par charité et supporteraient, au besoin je crois, bien des aigreurs et bien des plaintes avant que de pécher par impatience. En tout cas, Lourdes est le vestiaire des défauts ; on les y dépose en l’abordant, on les reprend sans doute lorsqu’on le quitte, car rien n’est plus difficile que de tuer son vieil homme ; mais il y a au moins une épuration provisoire d’âme opérée, en sus même des grâces que départit la Vierge, par le contact de la gratitude des victimes de la vie et de la miséricorde de celles qui les soignent.