Page:Huysmans - Prières et pensées chrétiennes (1910).djvu/16

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un réconfort et un appui. Le livre se passait en invectives cocasses contre les pontifes qui détiennent la gloire des littératures anciennes et modernes, en excentricités dues à l’imagination déviée du héros. Puis, à la dernière page, et sans que rien ait fait prévoir un tel revirement, des Esseintes, blasé sur les plaisirs très contestables qu’il s’était offerts, revenu de ses tentatives toujours avortées et las de tout, s’écriait :

« Seigneur, prenez pitié du chrétien qui doute, de l’incrédule qui voudrait croire, du forçat de la vie qui s’embarque seul, dans la nuit, sous un firmament que n’éclairent plus les consolants fanaux du vieil espoir ! »

Voilà bien le cri de détresse de la pauvre âme abandonnée à elle-même et qui se tourne vers le ciel par une sorte de mouvement instinctif, parce qu’elle a expérimenté qu’il n’y avait plus aucune miséricorde ni aucune compassion pour elle sur la terre. Déjà dans À Vau-l’eau, Folantin, au beau milieu de son désarroi, constatait que « ceux-là sont heureux qui acceptent comme une épreuve passagère toutes les traverses, toutes les souffrances, toutes les afflictions de la vie présente ». Mais il exprimait ainsi, sans s’y attarder, un regret très vague de n’avoir pas la Foi ; et s’il est intéressant de savoir qu’avant sa conversion Huysmans rôde aux alentours de l’Église et voudrait avoir la force