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VOYAGES

brisât ; puis nous entrâmes dans une eau peu profonde, le bâtiment toucha, çt nous vîmes la mort de très-près (littér. de nos propres yeux). Les passagers jetèrent à la mer ce qu’ils possédaient et se firent leurs adieux. Nous coupâmes le mât du navire et le lançâmes à l’eau ; les marins construisirent un radeau avec des planches. Il y avait entre nous et la terre une distance de deux parasanges. Je voulus descendre dans le radeau. Or j’avais deux concubines et deux compagnons. Ceux-ci me dirent : « Descendras-tu et nous abandonneras-tu ? » Je les préférai à moi-même et je leur dis : « Descendez tous deux, ainsi que la jeune fille que j’aime. » L’autre jeune fille dit : « Je sais bien nager, je m’attacherai à une des cordes du bac et je nagerai avec ces gens-là. » Mes deux camarades descendirent ; un d’eux était Mohammed, fils de Ferhân Altaouzéry, et l’autre, un Égyptien. Une des jeunes filles était avec eux, la seconde nageait. Les marins lièrent des cordages au radeau et s’en aidèrent pour nager. Je mis près de ces gens-là ce que je possédais de précieux,