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D’IBN BATOUTAH.

et m’empressai de rentrer dans la ville, de peur du tumulte. Je rencontrai le neveu et successeur du défunt, Nâssir eddîn, qui se transportait au camp, où on l’avait mandé, le sultan n’ayant pas laissé de fils. Il m’engagea à retourner sur mes pas en sa compagnie ; mais je refusai, et ce refus fit impression sur son esprit (litt. son cœur). Ce Nâssir eddîn avait exercé l’état de domestique à Dihly, avant que son oncle parvînt au trône. Quand Ghiyâth eddîn fut devenu roi, le neveu s’enfuit près de lui, sous le costume des fakîrs, et la destinée voulut qu’il régnât après lui. Lorsqu’on eut prêté serment à Nâssir eddîn, les poètes récitèrent ses louanges, et il leur accorda des dons magnifiques. Le premier qui se leva pour débiter des vers fut le kâdhi Sadr azzémân, à qui il donna cinq cents pièces d’or et un habit d’honneur ; puis vint le vizir nommé Alkâdhi (le juge), que le sultan gratifia de deux mille pièces d’argent. Quant à moi, il me fit cadeau de trois cents pièces d’or et d’un habit d’honneur. Il répandit des aumônes parmi les fakîrs et les indigents. Quand le prédicateur prononça le premier discours où il inséra le nom du nouveau souverain, on ré-