Page:Ibn Battuta - Voyages - Traduction Sanguinetti - Volume 4.djvu/46

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
36
VOYAGES

[texte arabe]

n’ont besoin ni d’aliment ni de boisson. Ils prédisent les choses cachées. Le sultan les vénère et les admet dans sa société. Parmi eux il y en a qui bornent leur nourriture aux seuls légumes ; il y en a qui ne mangent pas de viande, et ce sont les plus nombreux. Ce qu’il y a de certain dans leur affaire, c’est qu’ils se sont accoutumés à l’abstinence, et n’ont aucun besoin des biens du monde ni de ses pompes. Parmi eux il y en a dont le seul regard suffit pour faire tomber mort un homme. Les gens du commun disent que, dans ce cas-là, si l’on vient à fendre la poitrine du mort, on n’y trouve pas de cœur. « Son cœur, prétendent-ils, a été mangé. » Cela a lieu surtout chez les femmes. La femme qui agit ainsi est appelée caftâr (hyène, en persan).


ANECDOTE.

Lorsque arriva dans l’Inde la grande famine causée par la sécheresse, pendant que l’empereur se trouvait dans le pays de Tiling, ce prince publia un ordre portant que l’on donnât aux citoyens de Dihly de quoi se nourrir, sur le