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D’IBN BATOUTAH.

[texte arabe]


DES ENCHANTEURS DITS DJOGUIS.

Ces gens-là accomplissent des choses merveilleuses. C’est ainsi qu’un d’eux restera des mois entiers sans manger ni boire. On creuse pour beaucoup d’entre eux des trous sous la terre. Quand le djogui y est descendu, on bouche la fosse avec de la maçonnerie, en y laissant seulement une ouverture suffisante pour que l’air y pénètre. Cet individu y passe plusieurs mois ; j’ai même entendu dire que quelques djoguis demeurent ainsi une année. J’ai vu dans la ville de Mandjaroûr (Mangalore) un musulman qui avait pris des leçons de ces gens-là. On avait dressé pour lui une espèce de plate-forme, sur laquelle il se tint pendant vingt-cinq jours sans boire ni manger. Je le laissai dans cet état, et j’ignore combien de temps il y demeura encore après mon départ.

Le peuple prétend que les individus de cette classe composent des pilules, et qu’ils en avalent une pour un nombre de jours ou de mois déterminé, durant lequel ils