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TRIBUS ARABES.

hadja. « De cette manière, disait-il, les Arabes deviendront amis dévoués des Fatemides et formeront une excellente armée pour la protection de l’empire. Si, comme on le doit espérer, ils réussissent à vaincre El-Moëzz, ils s’attacheront à notre cause et se chargeront d’administrer l’Ifrîkïa en notre nom ; de plus, notre khalife se sera débarrassé d’eux. Si, au contraire, l’entreprise ne réussit pas, peu nous importe ! Dans tous les cas, mieux vaut avoir affaire à des Arabes nomades qu’à une dynastie sanhadjite. » Cet avis fut accueilli avec transport.

On a raconté, mais à tort, que ce fut Abou-’l-Cacem-el-Djerdjeraï qui donna ce conseil et qui fit entrer les Arabes en Ifrîkïa.

En conséquence de la décision que l’on venait de prendre, El-Mostancer, en l’an 441 (1049-50), envoya son vizir auprès des Arabes. Ce ministre commença par faire des dons peu considérables aux chefs, – une fourrure et une pièce d’or à chaque individu, – ensuite il les autorisa à passer le Nil en leur adressant ces paroles : « je vous fais cadeau du Maghreb et du royaume d’El-Moëzz-Ibn-Badîs le sanhadjite, esclave qui s’est soustrait à l’autorité de son maître. Ainsi, dorénavant, vous ne serez plus dans le besoin ! »

Il écrivit alors au gouvernement du Maghreb une lettre ainsi conçue :

Nous vous envoyons — Des coursiers rapides — Et des hommes intrépides — Pour accomplir telle chose — Que le destin décide.

Les Arabes, animés par l’espoir du butin, franchirent le Nil et allèrent occuper la province de Barca. Ayant pris et saccagé les villes de cette région, ils adressèrent à leurs frères qu’ils avaient laissés sur la rive droite du Nil, une description attrayante du pays qu’ils venaient d’envahir. Les retardataires s’empressèrent d’acheter la permission de passer le fleuve ; et comme cette faveur leur coûta une pièce d’or pour chaque individu, le gouvernement égyptien obtint non seulement le remboursement des sommes qu’il venait de leur distribuer, mais encore bien au-delà.

Ces envahisseurs se partagèrent alors le pays, de sorte que la


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