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HISTOIRE DES BERBÈRES.

partie orientale en échut aux Soleim et la partie occidentale aux Hilal. Ils dévastèrent ensuite El-Medina-t-el-Hamra, Adjedabia, Asmou et Sort. La tribu soleimide de Héïb se fixa sur le territoire de Barca avec ses confédérés, les Rouaha, les Nacera et les Omeira ; mais les Debbab, les Auf, les Zoghb et toutes les familles hilaliennes se précipitèrent sur l’Ifrîkïa comme une nuée de sauterelles, abîmant et détruisant tout ce qui se trouvait sur leur passage.

Ce fut en l’an 443 (1051-2) que les Arabes entrèrent en Ifrîkïa. Mounès-Ibn-Yahya-es-Sinberi, émir des Rîah, fut le premier qui y pénétra. El-Moëzz chercha aussitôt à gagner l’appui de ce chef, et l’ayant fait venir auprès de lui, il le déclara son ami et lui donna sa fille en mariage. Ensuite, il lui proposa d’attirer les Arabes des stations éloignées où ils s’étaient arrêtés, afin de pouvoir accabler par leur nombre et avec leur secours [les princes de la famille de Hammad] ses collatéraux, qui se tenaient en révolte contre lui dans la partie occidentale de l’empire. Après quelque hésitation, Mounès y donna son consentement et appela les Arabes. Ces nomades se mirent aussitôt à dévaster le pays en proclamant partout l’autorité d’El-Mostancer-Billah, le khalife [fatemide]. Ils défirent aussi l’armée sanhadjienne et les corps de troupes alliées qu’El-Moëzz avait fait marcher contre eux. Ce prince si rempli d’orgueil, fut outré de cet échec ; transporté de colère, il arrêta le frère de Mounès, et ayant dressé son camp en dehors de Cairouan, il envoya demander des secours à son cousin El-Caïd-Ibn-Hammad-Ibn-Bologguîn, seigneur de la Calâ des Beni-Hammad. El-Caïd leva une troupe de mille cavaliers et la lui envoya. Les Zenata nomades, auxquels il avait aussi adressé un appel, lui en envoyèrent un autre millier, tous tirés de la famille d’El-Montacer-Ibn-Khazroun-el-Maghraoui et commandés par lui-même. El-Montacer était un des chefs les plus puissants de la nation zenatienne, et au moment où on lui demanda sa coopération, il se trouvait, avec ses nomades, dans les campagnes de l’Ifrîkïa.

El-Moëzz se mit alors en marche avec ses alliés, les partisans de sa famille, ses domestiques, ses amis, et le petit nombre des