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HISTOIRE DES BERBÈRES.

leur ayant enlevé la possession des vastes plaines de cette contrée. De toutes leurs familles il n’y a que les Hareth et les Kelabïa qui ont continué à parcourir, avec leurs troupeaux, le territoire du Sous et le désert qui en dépend ; ils fréquentent les plaines du pays des Hèha, branche des Masmouda, et grâce à ce genre de vie, ils conservent encore leur force et leur bravoure.

Les Aulad-Motâ, branche de la famille des Hareth, exercent le commandement sur ces nomades. Pendant longtemps, ils répandirent la dévastation dans les campagnes de Maroc, et en l’an 776 (1374-5), lorsque l’émir Abd-er-Rahman, fils de Bou-Ifelloucen-Ali et petit-fils du sultan Abou-Ali, se trouva en possession du pouvoir, comme sultan de Maroc, ils s’attachèrent à lui et obtinrent une haute place dans sa faveur. Plusieurs fois même il les faisait venir avec leurs cavaliers et leurs fantassins pour les passer en revue selon l’ancien usage. Leur chef se nommait Mansour-Ibn-Yaïch, et il appartenait à la famille des Motâ. Plus tard le sultan fit arrêter tous les membres de cette famille et les envoya, les uns en prison, les autres à la mort ; de sorte que leur puissance s’est anéantie et leur malheur est cité comme un exemple des vicissitudes de la fortune.

Au nombre des tribus dont se compose celle de Djochem, on compte les Kholt, mais c’est un fait bien établi qu’ils appartiennent à la tribu d’El-Montafic-Ibn-Amer-Ibn-Ocaïl-Ibn-Kâb-Ibn-Rebiâ-Ibn-Amer. Toutes les familles sorties d’Ocaïl-Ibn-Kâb se firent partisans des Carmats dans le Bahrein. Lors de l’affaiblissement de cette secte, la tribu de Soleim s’empara du Bahrein au nom des Fatemides, et plus tard, les Beni-Abi-’l-Hocein, branche de la tribu de Taghleb, leur enlevèrent cette province au nom des Abbacides. Alors les Beni-Soleim émigrèrent en Afrique avec les Beni-’l-Montafic, les mêmes que l’on appelle les Kholt. Les autres tribus descendues d’Ocaïl, restèrent en Bahrein, et une d’elles, les Beni-Amer-Ibn-Auf-Ibn-Malek-Ibn-Auf-Ibn-Amer-Ibn-Ocaïl, tribu-sœur des Kholt, vainquit les Taghlebites. Il est vrai qu’en Maghreb on considère les Kholt comme sortis de la même souche que les Djochem ; mais cette opinion ne peut trouver croyance que chez des gens dépourvus d’instruction.