Page:Ibn Khaldoun - Histoire des Berbères, trad. Slane, tome 1.djvu/194

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
68
HISTOIRE DES BERBÈRES.

mée. En l’an 633 (1235-6), après la mort de Yahya, son rival, Er-Rechîd, fit mourir Faïd-Ibn-Amer, cheikh de cette tribu, ainsi que Caïd, frère de Faïd ; et à la suite de cette exécution, il nomma Yacoub-Ibn-Mohammed-Ibn-Caïtoun au commandement des Beni-Djaber. Yalou, général de l’armée almohade, fit prisonnier le nouveau chef d’après l’ordre d’El-Morteda. Les Beni-Djaber passèrent ensuite sous le commandement de Yacoub-Ibn-Djermoun[1] es-Sofyani, mais l’autorité de ce chef ayant subi une rude secousse, leurs cheikhs le remplacèrent par Ismaïl-Ibn-Yacoub-Ibn-Caïtoun. Plus tard, cette tribu alla se fixer au pied de la montagne qui domine Tedla, et devint ainsi la voisine des Sanaga berbères qui en habitaient la cîme et les flancs[2]. De temps à autre elle descend dans la plaine, mais toutes les fois qu’elle se voit menacée par le sultan ou par un chef puissant, elle se réfugie dans la montagne et trouve, parmi les Berbères, ses voisins et confédérés, une protection assurée.

Le droit de commandement chez les Beni-Djaber appartenait, dans ces derniers temps, aux Ourdîgha, une de leurs familles. Lors du règne du sultan Abou-Einan, je fis la rencontre de Hocein-Ibn-Ali-el-Ourdîghi, chef qui les gouvernait à cette époque. En l’an 760 (1359), pendant qu’En-Nacer, son fils et successeur, exerçait le commandement de la tribu, le vizir El-Hacen-Ibn-Omar alla chercher un asile chez eux. Le sultan Abou-Salem, contre lequel El-Hacen s’était révolté, en exigea l’extradition, et comme il appuyait cette demande par un corps d’armée, il obtint la remise du fugitif.

Huit ans plus tard, Abou-’l-Fadl, fils du sultan Abou-Salem, abandonna la ville de Maroc et se réfugia chez les Beni-Djaber. Le sultan Abd-el-Azîz cerna alors la montagne avec ses troupes, força ce prince à passer sur les hauteurs occupées par les Sanaga, et moyennant une somme d’argent, il décida ces Berbères à lui livrer leur hôte.

  1. On est très-exposé à confondre Yacoub-Ibn-Djermoun avec son neveu Yacoub-Ibn-Kanoun-Ibn-Djermoun. — (Voy. ci-dessus, pp. 62 et 63, où l’auteur parle de ces deux chefs.)
  2. Ici le texte arabe est altéré, il faut lire : bi-conenihi oua hidabihi.