Page:Ibn Khaldoun - Histoire des Berbères, trad. Slane, tome 1.djvu/195

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
69
TRIBUS ARABES.

Pendant les troubles de cette époque, Abd-er-Rahman-ben-bou-Ifelloucen chercha asile auprès des Beni-Djaber, mais le vizir Omar-Ibn-Abd-Allah, qui était alors tout puissant dans le Maghreb, exigea et obtint l’expulsion de cet émir. Comme En-Nacer-el-Ourdîghi avait pris une part très-active dans toutes ces insurrections, le gouvernement mérinide le fit arrêter et le garda en prison pendant plusieurs années. Ayant ensuite recouvré la liberté, En-Nacer partit pour la Mecque ; mais, à son retour du pèlerinage, il fut emprisonné de nouveau par l’ordre d’Abou-Bekr-Ibn-Ghazi. Ce vizir gouvernait alors le Maghreb avec une autorité absolue au nom d’[Es-Saîd], fils du sultan Abd-el-Azîz. Ce fut alors que le commandement des Beni-Djaber fut enlevé à la famille d’Ali-el-Ourdîghi. Beaucoup de personnes assurent que les Ourdîgha appartiennent, non pas aux Djochem, mais aux Sedrata, branche de la tribu berbère de Louata. A l’appui de leur opinion elles font observer que toutes les localités habitées par les membres de cette familles, sont situées dans le voisinage du peuple berbère que nous venons de nommer. Dieu sait si elles ont raison ou non.

Les Acem et les Mocaddem. — Les Acem et les Mocaddem, branches de la tribu d’Athbedj, s’établirent dans les plaines de Temsna avec les peuplades dont nous venons de parler. Sans être aussi nombreuses que leurs frères, les Djochem, ils jouirent néanmoins d’une grande puissance. Tributaires du sultan, ainsi que ceux-ci, ils lui fournissaient un contingent d’hommes, en cas de guerre. Sous les Almohades, pendant le règne d’El-Mamoun, les Acem eurent pour chef un de leurs parents appelé Hacen-Ibn-Zeid. Cet homme se fit remarquer par son activité pendant la révolte de Yahya-Ibn-en-Nacer ; aussi, en l’an 633 (1235-6), lors de la mort de ce prince, Er-Rechîd lui ôta la vie, ainsi qu’à Caïd et Faïd, fils d’Amer et cheikhs des Beni-Djaber.

Le commandement des Acem passa ensuite à Abou-Eïad, qui le transmit à ses fils, dont l’un, Eïad-Ibn-Abi-Eïad, vivait encore du temps des Beni-Merîn. Après s’être montré tantôt dévoué, tantôt hostile à cette dynastie, il s’enfuit à Tlemcen. Entre les années 690 et 700 (1300), il rentra dans sa tribu ; puis il se