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HISTOIRE DES BERBÈRES.

Les Beni-Hosein-Ibn-Zoghba occupaient le pays qui touche à la partie occidentale du territoire habité par les Beni-Yezîd. A côté d’eux, les Thâleba, branche de la tribu de Makil, possédaient la région qui s’étend depuis la mer jusqu’à Tîteri et à Médéa. Dans la suite, cette contrée fut enlevée aux Thâleba par les Beni-Toudjîn[1], branche de la tribu des Beni-Badîn.

Comme les Toudjîn avaient pour voisins les Beni-Hosein, tribu aux habitudes nomades, ils les obligeaient à leur fournir, sur réquisition, un contingent en hommes, et à leur payer un tribut en sus des impôts. Plus tard, les Beni-Abd-el-Ouad mirent fin à la domination que les Toudjînides exerçaient autour de Médéa, et ayant alors abreuvé les Hosein d’humiliations, ils les soumirent aux impôts et aux avanies de toute nature : les décimant par l’épée et les accablant de corvées, ils les réduisirent enfin au rang des autres peuplades soumises à l’impôt.

Dans la suite, les Beni-Merîn étendirent leur domination sur toutes les populations d’origine zenatienne, comme nous le raconterons plus tard, et ces mêmes Hosein devinrent les sujets les plus obéissants de leur empire.

La puissance des Arabes commença à se faire sentir de nouveau quand la mort du sultan Abou-Einan eut permis à Abou-Hammou-Mouça de rétablir le royaume des Beni-Abd-el-Ouad. La puissance des Zenata fléchit vers la même époque ; leur empire éprouva le sort de tous les autres et tomba en décadence ; alors les Hosein s’emparèrent de Tîteri, c’est-à-dire, de la montagne d’Achîr, et s’y fortifièrent. Ils y étaient déjà établis quand Abou-Zîan, cousin du sultan Abou-Hammou [et fils d’Abou-Saîd, sultan] qui régna avant celui-ci, passa chez eux. Il s’était échappé de l’espèce de captivité dans laquelle les Mérinides le retenaient, et après avoir visité Tunis, il annonçait maintenant l’intention de monter sur le trône que son père avait occupé, et d’enlever le pouvoir à son cousin par les armes. Après plusieurs aventures dont je ferai le récit ailleurs, il s’arrêta chez les Ho-

  1. Dans le texte arabe, il faut lire Li-Beni-Toudjîn, à la place de Min-Beni-Toudjîn.