Page:Ibn Khaldoun - Histoire des Berbères, trad. Slane, tome 1.djvu/232

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
106
HISTOIRE DES BERBÈRES.

sultan mérinide ; espérant obtenir de lui les moyens de rétablir son influence. A la suite de cette démarche, qui n’eut du reste aucun succès, il rentra dans sa tribu dont tous les membres continuaient encore à former un seul corps.

L’inimitié qui subsistait entre les Beni-Yacoub et les Beni-Moarref s’accrut enfin à un tel point, qu’Ibrahîm-Ibn-Yacoub-Ibn-Moarref se jeta sur Saîd-Ibn-Dawoud et lui ôta la vie. Dans cet attentat il eut pour complice un de ses parents nommé Madi-Ibn-Rouwan. Tous les descendants de Rebab s’empressèrent de prendre le parti de leur parent [Ibrahîm] ; de sorte que la tribu des Beni-Amer se trouva séparée en deux fractions, les Beni-Yacoub et les Beni-Hamîd. Cet événement eut lieu sous le règne d’Abou-Hammou-Mouça-Ibn-Othman, prince descendu de Yaghmoracen-Ibn-Zîan.

A la mort de Saîd, le commandement des Beni-Yacoub passa à son fils Othman. Quelque temps après, Ibrahîm-Ibn-Yacoub, le chef des Beni-Hamîd, cessa de vivre, et son fils Amer, homme d’une grande résolution et d’une certaine célébrité, lui succéda. Amer passa en Maghreb, devançant ainsi Arîf-Ibn-Yahya, et se rendit auprès du sultan Abou-Saîd, lequel épousa sa fille et lui donna une somme d’argent assez considérable.

Othman [le fils de Saîd] ne cessa d’épier l’occasion de venger la mort de son père ; il cherchait à y parvenir tantôt par la force des armes et tantôt sous les dehors de la paix et de l’amitié, jusqu’à ce qu’enfin il trouva moyen d’assassiner dans sa tente [Amer-Ibn-Ibrahîm, le fils de celui qui avait tué son père]. Il prodigua au cadavre de sa victime les insultes les plus injurieuses aux yeux des Arabes, et il brisa ainsi, à tout jamais, les faibles liens qui rattachaient encore l’une de ces tribus à l’autre. Aussi, quand les Beni-Hamîd eurent plus tard à combattre les Soueid, les Beni-Yacoub se firent les alliés et confédérés de ceux-ci.

Les nomades soueidiens allèrent ensuite joindre Arîf-Ibn-Yahya dans le territoire mérinide, et la famille d’Amer-Ibn-Ibrahîm acquit alors, par le nombre de ceux qui reconnaissaient son autorité, une puissance qui la rendit formidable aux Beni-Yacoub. Ceux-ci entrèrent aussi en Maghreb et ne le quittèrent