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TRIBUS ARABES.

Au nombre des tribus soleimides on comptait les Oçaïa, les Riêl et les Dekouan, peuplades contre lesquelles le Prophête de Dieu lança des imprécations parce qu’elles avaient assassiné quelques-uns de ses partisans. A la suite de cette malédiction les trois tribus perverses tombèrent dans une déconsidération et un oubli complets.

Du temps des Abbacides les Soleim se faisaient remarquer par leur esprit de brigandage et d’insubordination ; de sorte qu’un khalife de cette dynastie enjoignit à son fils de ne jamais épouser une femme de cette tribu. Comme ils poussaient leurs incursions jusqu’au territoire de Médine, le gouvernement de Baghdad envoya des troupes contre eux et les fit poursuivre et châtier, même au milieu de leurs déserts. Lors des troubles suscités par les Carmats, les Soleim et les Beni-Ocaïl-Ibn-Kâb formèrent une alliance avec Abou-Taher-el-Djennabi et ses fils, chefs de cette secte hérétique et émirs de la province de Bahrein[1]. Après la chute de la puissance carmatienne, les Beni-Soleim s’emparèrent de Bahrein, et, à l’imitation de leurs anciens alliés, ils proclamèrent leur adhésion aux doctrines chîites. Sous la dynastie des Bouides, les Beni-’l’-Asfer-Ibn-Taghleb occupèrent cette province au nom des Abbacides et en expulsèrent les Soleim. Les membres de la tribu proscrite se rendirent dans la Haute-Égypte, d’où El-Mostancer les fit transporter en Ifrîkïa par son vizir El-Yazouri, en les chargeant d’aller combattre El-Moëzz-Ibn-Badîs, émir qui venait de répudier la domination fatemide, ainsi que nous l’avons dit plus haut[2]. Ils traversèrent alors le Nil avec les tribus hilaliennes et se fixèrent, pendant un temps, à Barca et aux environs de Tripoli. De là ils passèrent en Ifrîkïa, province où l’on trouve, encore aujourd’hui, quatre grandes branches de cette tribu, savoir : les Zoghb[3], les Debbab, les Héïb et les Auf.

  1. Voyez sur Abou-Taher l’introduction à l’Histoire des Druzes, de M. de Sacy, et le Dictionnaire biographique d’Ibn-Khallikan, volume i, page 426 et suivantes, de la traduction.
  2. Voyez page 30 et suivantes.
  3. La tribu des Zoghb, famille soleimide, ne doit pas être confondue avec celle des Zoghba, famille hilalienne dont l’auteur a déjà parlé.