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TRIBUS ARABES.

était connu chez eux par le nom d’El-Haddj (le pèlerin), parce qu’il avait fait le voyage de la Mecque. Il se fraya la route aux honneurs et aux richesses en se conciliant l’amitié d’El-Aud-er-Retb, le même personnage qui était grand cheikh des Almohades sous le règne d’El-Mostancer. Ce monarque concéda quatre villages à Kâb et à ses enfants. L’un de ces villages était situé aux environs de Sfax, un autre dans la province d’Ifrîkïa, et un troisième dans le Djerîd. Kâb eut sept fils dont quatre par la même mère ; ceux-ci s’appelaient Ahmed, Madi, Ali et Mohammed ; les trois autres étaient aussi fils d’une même mère et se nommaient Berîk, Bérekat, et Abd-el-Alî. Ahmed enleva le commandement à la famille Chîha et s’attacha au service du sultan Abou-Ishac. Ceci excita la jalousie des Chîha, et ils embrassèrent le parti du Prétendant. A la mort d’Ahmed, le commandement resta dans sa famille qui se composait de plusieurs fils ; une de ses femmes appelée Ghazïa et appartenant aux Beni-Yezîd, tribu sanhadjienne, l’en avait rendu père de quatre, savoir : Cacem, Mera, Abou-’l-Leil et Abou-’l-Fadl ; une autre de ses femmes, appelée El-Hakemïa, avait donné le jour à Faïd, Obeid, Mendîl et Abd-el-Kerîm ; une troisième, nommée Es-Serïa avait mis au monde Koleib, Açaker, Abd-el-Mélek et Abd-el-Azîz. A la mort d’Ahmed, son fils Abou-’l-Fadl devint chef de la tribu et eut pour successeur son frère Abou-’l-Leil-Ibn-Ahmed. La famille d’Ahmed s’acquit une grande autorité dans la tribu et rallia autour d’elle tous ses collatéraux pour n’en former avec eux qu’un seul corps. Encore aujourd’hui cette association subsiste dans le sein de la tribu, et les membres en sont désignés par l’appellation des Achach (les nids, la nichée).

Quand Ibn-Abi-Omara, le prétendant qui se donnait pour El-Fadl-Ibn-Yahya-el-Makhlouê, attaqua le sultan Abou-Ishac et le tua, ainsi que plusieurs de ses fils (événement dont nous donnerons ailleurs les détails), Abou-Hafs, le frère cadet du sultan, parvint à atteindre Calâ-Sinan, château de la province d’Ifrîkïa. Il avait dû son salut à Abou-’l-Leil, fils d’Ahmed, et pour reconnaître ce service ainsi que le dévouement que son protecteur continua à lui montrer, il le combla de bienfaits, et, parvenu