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HISTOIRE DES BERBÈRES.

au trône, après la chute du Prétendant, il le nomma chef des Kaoub. Abou-’l-Leil voyant alors son autorité bien établie, écarta les Chîha de toute participation au commandement ; aussi, Abd-er-Rahman-Ibn-Chîha, le dernier chef de cette famille, se retira à Bougie. L’émir Abou-Zékérïa, fils du sultan Abou-Ishac, avait détaché cette ville du royaume de son oncle Abou-Hafs. Abd-er-Rahman se rendit donc auprès de lui dans l’espoir d’obtenir le commandement d’un corps de troupes, et de pousser ce prince à la conquête de Tunis, croyant agrandir ainsi sa propre autorité. La mort étant venue l’arrêter avant qu’il pût accomplir son projet : il n’obtint à Bougie qu’un tombeau. Cet événement ruina les projets de la famille Chîha et assura le commandement des Kaoub à Abou-’l-Leil.

Un refroidissement étant survenu entre Abou-’l-Leil et le sultan Abou-Hafs, ce prince offrit le commandement des Kaoub à Mohammed-Ibn-Abd-er-Rahman-Ibn-Chîha, et par la jalousie que cette proposition causa à Abou-’l-Leil, il l’amena à faire une prompte soumission. A la mort d’Abou-’l-Leil, son fils Ahmed lui succéda et resta à la tête de la tribu pendant un temps considérable ; mais, déposé enfin par Abou-Acîda, il mourut dans la prison où ce sultan l’avait enfermé. Son frère et successeur, Omar-Ibn-Abi-’l-Leil, eut beaucoup à souffrir de la rivalité de Hedadj-Ibn-Obeid-Ibn-Ahmed-Ibn-Kâb, qui passa toute sa vie à lutter pour le commandement. Après la mort d’Omar, son frère Mohammed, auquel le pouvoir était passé, se chargea d’élever Moulahem et Hamza, enfants de son prédécesseur. L’incapacité d’Omar et sa faiblesse de caractère l’avait exposé aux tentatives hostiles de la famille de Mohelhel, fils de son oncle Cacem [-Ibn-Ahmed-Ibn-Kâb]. Cette puissante maison, qui se composait de plusieurs frères dont je me rappelle seulement les noms de Mohammed, Meskîana, Morghem, Taleb et Aun, avait cherché à s’emparer du commandement de la tribu, et, visant toujours à ce but, elle continuait à diriger ses efforts contre Mohammed-Ibn-Abi-’l-Leil.

Hedadj-Ibn-Obeid-Ibn-Ahmed ayant enfin obtenu le commandement, se livra aux actes de la tyrannie la plus révoltante,