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TRIBUS ARABES.

et permit à ses Arabes d’arrêter et dévaliser les voyageurs sur les grandes routes. Leurs brigandages devinrent enfin insuportables, et le sultan eut le dépit de voir son autorité méconnue et d’être obligé à payer une contribution à ce chef pour garantir le pays contre ses exactions. Quant aux hommes du peuple, leurs cœurs en bouillonnaient d’indignation. En l’an 705 (1305-6), Hedadj se rendit à Tunis, et entra, un jour de vendredi, dans la grande mosquée, sans ôter ses bottes. La congrégation fut scandalisée de voir profaner ainsi la maison de Dieu, et une personne qui faisait la prière à côté de lui, se permit quelques observations sur l’inconvenance d’une pareille conduite. Hedadj prit aussitôt la parole et répondit : j’entre tout botté dans le palais du sultan ; pourquoi n’en ferai-je pas autant dans la mosquée ? Tous les assistants furent remplis d’horreur en entendant ces paroles, et, d’un mouvement unanime, ils se précipitèrent sur lui et le tuèrent dans la mosquée même. Cet événement extraordinaire causa une vive satisfaction au sultan, et quelques temps après, ce prince ôta la vie à Kessab, frère de Hedadj, et à Chibl-Ibn-Mendîl-Ibn-Ahmed, son cousin.

Après la mort de Mohammed-Ibn-Abi-’l-Leil et de Hedadj-Ibn-Obeid, le commandement des Kaoub passa entre les mains de Moulahem et Hamza, tous les deux fils d’Omar. Ces chefs parvinrent à établir leur autorité sur les nomades soleimides qui parcouraient l’Ifrîkïa, bien que dans l’accomplissement de cette tâche, ils eussent éprouvé une grande opposition de la part de leurs cousins et rivaux, les fils de Mohelhel-Ibn-Cacem, qui étaient les plus braves cavaliers d’entre les Kaoub.

Ahmed, fils d’Abou-’l-Leil, et son neveu Moulahem-Ibn-Omar se révoltèrent contre le sultan en 707 (1307-8), et ayant invité Othman-Ibn-Abi-Debbous à sortir de sa retraite chez les Debbab et à venir les trouver, ils marchèrent avec lui contre Tunis, et allèrent camper à Kodia-t-ez-Zâter, dans le voisinage de la ville. Le vizir Abou-Abd-Allah-Ibn-Irzîguen sortit à leur rencontre, et les ayant mis en déroute, il décida Ahmed-Ibn-Abi-’l-Leil à entrer au service de l’empire. Quelque temps après, il ordonna l’arrestation de ce chef et le laissa mourir dans la prison de Tunis.


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