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HISTOIRE DES BERBÈRES.

était Abd-el-Mélek-Ibn-Rehab-Ibn-Mahmoud. Abou-Zékérïa se mit en campagne, l’an 687[1], afin de les soutenir. Après avoir attaqué et culbuté les gens de Cabes, les Arabes essuyèrent à leur tour un rude échec ; El-Fezazi les ayant vaincus et chassés de l’Ifrîkïa. L’émir Abou-Zékérïa s’en retourna alors dans sa forteresse de Bougie.

En l’an 682 (1283-4), Morghem-Ibn-Saber-Ibn-Asker, chef des Djouari, fut enlevé de la côte de Tripoli par les Siciliens et emmené en captivité. Vendu par eux au roi de Barcelone, il y resta prisonnier jusqu’au moment où Othman-Ibn-Abi-Debbous, dernier rejeton de la dynastie d’Abd-el-Moumen, vint solliciter l’appui du prince chrétien en lui représentant qu’il désirait se faire transporter en Afrique afin d’y monter sur le trône des Almohades. Le roi de Barcelone mit son hôte en rapport avec Morghem, et, ayant effectué une alliance entre eux deux, il les fit débarquer sur la côte de Tripoli. Morghem commença aussitôt par proclamer Ibn-Abi-Debbous, et ayant décidé sa tribu à le soutenir, il alla mettre le siége devant Tripoli. Ceci eut lieu en 688 (1289). Après avoir attaqué la ville pendant quelques jours, ils laissèrent un corps de troupes pour la tenir bloquée et se mirent à parcourir les pays voisins afin d’y prélever les impôts. Cette besogne terminée, ils n’en firent plus rien. Ibn-Abi-Debbous continua, pendant quelque temps, à vivre sur le territoire de ces tribus, et étant enfin parvenu, vers le commencement du huitième siècle de l’hégire, à se procurer l’appui des Kaoub, il marcha avec eux contre le sultan Abou-Acîda et l’assiégea dans Tunis pendant plusieurs jours. N’ayant pu réussir dans cette tentative, il s’en retourna dans la province de Tripoli où il demeura quelque temps ; puis, il passa en Égypte et y resta jusqu’à sa mort. Nous reviendrons encore sur ce sujet quand nous donnerons le récit de ce qui se passa à Cairouan entre son fils et le sultan Abou-’l-Hacen.

Rien ne changea dans la position des Djouari et des Mehamîd jusqu’au moment où l’autorité hafside cessa de se faire sentir à

  1. Dans un autre chapitre de cet ouvrage l’auteur place ces événements dans les années 685 et 686.