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DOMINATION ARABE.

Fendelaoua, les Medîouna, les Behloula, les Ghîatha et les Fazaz, Berbères du Maghreb-el-Acsa. Idrîs premier, descendant d’El-Hacen, fils d’El-Hacen [petit-fils de Mahomet], étant arrivé en Maghreb, fit disparaître de ce pays jusqu’aux dernières traces des religions [chrétienne, juive et païenne] et mit un terme à l’indépendance de ces tribus. Aussi, nous disons qu’avant l’introduction de l’islamisme, les Berbères de l’Ifrîkïa et du Maghreb vivaient sous la domination des Francs et professaient le christianisme, religion suivie également par les Francs et les Grecs ; mais, en l’an 27 (647-8)[1], sous le khalifat d’Othman, les musulmans, commandés par Abd-Allah-Ibn-Sâd-Ibn-Abi-Sarh, descendant d’Amer-Ibn-Louaï [chef d’une famille coreichide], envahirent l’Ifrîkïa. Djoreidjîr était alors roi des Francs établis en ce pays. Son autorité s’étendait depuis Tripoli jusqu’à Tanger, et la ville de Sbaitla formait la capitale de son empire[2]. Pour résister aux Arabes, il rassembla tous les Francs et Roum qui se trouvaient dans les villes de l’Ifrîkïa, ainsi que les populations berbères qui, avec leurs chefs, occupaient les campagnes de cette province. Ayant réuni environ cent vingt mille combattants, il livra bataille aux vingt mille guerriers dont se composait l’armée musulmane. Cette rencontre amena la déroute des chrétiens, la mort de leur chef et la prise et destruction de Sbaitla. Dieu livra aux vrais croyants les dépouilles des vaincus ainsi qua leurs filles ; et Abd-Allah-Ibn-ez-Zobeir reçut de ses troupes, comma cadeau, la fille de ce même Djoreidjîr auquel il avait ôté la vie[3]. Le voyage d’Ibn-ez-Zobeir à Medîne pour annoncer au khalife et aux musulmans la nouvelle de cette victoire est un fait aussi remarquable et aussi bien connu que les événements dont nous venons de parler[4].

  1. Le texte arabe et les manuscrits portent à tort 29.
  2. Carthage reconnaissait l’autorité de l’empereur de Constantinople, et Tanger appartenait aux Goths d’Espagne.
  3. L’inexactitude de ce renseignement a été démontrée dans une lettre adressée à M. Hase, membre de l’Institut, et publiée dans le Journal asiatique de 1844.
  4. Voyez le récit d’En-Noweiri, dans l’appendice, no 11. On peut aussi