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HISTOIRE DES BERBÈRES

Après cette défaite, les Francs et les Roum se réfugièrent dans les places fortes de l’Ifrîkïa, pendant que les musulmans s’occupaient d’en parcourir et dévaster le pays ouvert. Dans ces expéditions ils eurent plusieurs rencontres avec les Berbères des plaines, et leur firent éprouver des pertes considérables, tant en tués qu’en prisonniers. Au hombre de ceux-ci se trouva Ouezmar-Ibn-Saclab[1], l’ancêtre de la famille Khazer, et qui était alors chef des Maghraoua et des autres peuples zenatiens. Le khalife Othman-Ibn-Affan, à qui on l’envoya, reçut sa profession d’islamisme et le traita avec une grande bienveillance. Il lui accorda non-seulement la liberté, mais aussi le commandement en chef des Maghraoua.

D’autres historiens rapportent que Ouezmar se rendit auprès d’Othman en qualité d’ambassadeur.

Les musulmans prodiguèrent aux chefs berbères des honneurs tels qu’ils n’accordaient ni aux Francs, ni aux autres nations, et ayant remporté sur les Francs une suite de victoires, ils les forcèrent à implorer la paix. Ibn-Abi-Sarh consentit à évacuer le pays avec ses Arabes, moyennant un don de trois cents kintars d’or[2]. Ayant reçu cette somme, il ramena les musulmans en Orient.

La guerre civile qui éclata ensuite au sein de l’islamisme empêcha les vrais croyants de s’occuper de l’Ifrîkïa ; mais Moaouïa, fils d’Abou-Sofyan, ayant enfin rallié à sa cause la grande majorité de la nation, confia à Moaouïa-Ibn-Hodeidj[3] de la tribu


    consulter la notice sur Abd-Allah-lbn-ez-Zobeir que M. Quatremère a publiée dans le Journal asiatique.

  1. On a déjà vu, page 199, ce nom écrit Soulat. Dans l’histoire des Maghraoua, l’auteur appelle le même chef Soulat-Ibn-Ouezmar.
  2. Les docteurs musulmans ne sont pas d’accord sur la valeur légale du kintar : suivant les uns, c’est 1080 pièces d’or (dinar) ; suivant les autres, c’est plein un grand cuir d’or ; d’autres l’évaluent à quarante onces d’or et quelques-uns à 1100 dinars. Ibn-Sîda dit que le kintar est de 100 rotis (livres) d’or ou d’argent, et l’on rapporte que Mahomet a dit : le kintar est de 1200 onces. — (El-Macrîzi ; (Poids et mesures musulmans.) — Au moindre taux, les trois-cents kintars d’or mentionnés par Ibn-Khaldoun vaudraient plus de trois millions de francs.
  3. L’orthographe de ce nom est fixée par Abou-’l-Mahacen, dans son Nodjoum, an 50, et dans son El-Bahr-ez-Zakher. C’est donc à tort