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DOMINATION ARABE

Ibn-el-Achâth était parvenu à frapper les Berbères d’épouvante et à soumettre l’Ifrîkïa, quand les Beni-Ifren, tribu zenatienne, soutenus par les Berbères de la tribu de Mahlla, se révoltèrent dans la province de Tlemcen, et ayant choisi pour chef Abou-Corra l’ifrénide, ou plutôt, le maghîlide, ils le proclamèrent khalife. Ceci se passa en 148. El-Aghleb-Ibn-Souda-et-Temîmi, gouverneur de Tobna, marcha contre les rebelles, obligea Abou-Corra à prendre la fuite, et alla s’établir dans le Zab. Quelque temps après, il fit une tentative contre Tlemcen, et ensuite contre Tanger ; mais ayant été abandonné par les milices de l’empire[1], il se vit dans la nécessité de rebrousser chemin.

En l’an 151 (768-9), sous l’administration d’Omar-Ibn-Hafs-Hezarmerd, de la famille de Cabiça, frère d’El-Mohelleb-Ibn-Abi-Sofra[2], les Berbères se révoltèrent à Tripoli et prirent pour chef Abou-Hatem-Yacoub, fils de Habîb et petit-fils de Midyen-Ibn-Itouweft. Ce personnage, qui était un des émirs de la tribu de Mashila, s’appelait aussi Abou-Cadem. Sous la conduite de leur nouveau chef, ils défirent les troupes qu’Omar-Ibn-Hafs envoya contr’eux, et s’étant emparés de la ville de Tripoli, ils allèrent mettre le siége devant Cairouan. Les Berbères qui habitaient l’autre côté de la province se mirent alors en mouvement, de sorte que treize corps d’armée, levés chez eux, parurent à la fois sous les tours de Tobna et y assiégèrent Omar-Ibn-Hafs. Dans cet attroupement immense, on remarqua Abou-Corra à la tête de quarante mille Sofrites, Abd-er-Rahman-Ibn-Rostem avec un corps de six mille Eibadites, El-Miçouer-Ibn-Hani avec dix mille des mêmes sectaires, Djerîr-Ibn-Masoud avec ses parti-

  1. Après la conquête de la Syrie par les premiers musulmans, ce pays fut partagé en cinq arrondissements dans lesquels on établit plusieurs fractions des grandes tribus arabes. Ces colonies militaires s’appelaient djonds parce qu’elles étaient tenues de fournir des troupes ou milices (djond) pour le service du khalifat. Il existait d’autres djonds en Irac, en Khoraçan et en Égypte.
  2. El-Mohelleb, fils d’Abou-Sofra, était gouverneur du Khoraçan, sous le règne du khalife Abd-el-Mélek-Ibn-Merouan. Il se rendit illustre par sa bravoure, sa prudence et sa libéralité.