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DOMINATION ARABE

En l’an 154 (771) Omar-Ibn-Hafs perdit la vie dans un des combats qui marquèrent ce long siége. Abou-Hatem fit alors un traité de paix avec la garnison de Cairouan à des conditions très-avantageuses pour elle, et il marcha sur le champ contre Yezîd, [fils de Hatem], fils de Cabîçâ-Ibn-el-Mohelleb, qui venait [de l’Orient pour] prendre le gouvernement de l’Ifrîkïa. L’ayant rencontré près de Tripoli, il osa lui livrer bataille, bien qu’il avait été abandonné par son allié Omar-Ibn-Othman-el-Fihri et que la discorde s’était mise parmi ses Berbères. Aussi, son armée fut-elle mise en pleine déroute et il y trouva lui-même la mort.

Abd-er-Rahman, fils de Habîb et petit-fils d’Abd-er-Rahman, se réfugia chez les Ketama, après la défaite de son collègue Abou-Hatem. Bloqué pendant huit mois par Mokharec-Ibn-Ghifar, de la tribu de Taï, il succomba à la fin et mourut avec tous les Berbères qui lui étaient restés fidèles.

Les débris de ce peuple s’enfuirent alors de tout côté, eux qui, depuis l’époque où ils assiégèrent Omar-Ibn-Hafs dans Tobna jusqu’au moment où cette guerre prit fin[1], avaient livré trois cent soixante-quinze combats aux troupes de l’empire.

Arrivés en Ifrîkïa, Yezîd y rétablit l’ordre et restaura la ville de Cairouan. Le pays continua à jouir des avantages de la paix jusqu’à l’an 157 (773-4) quand les Ourfeddjouma se révoltèrent de nouveau et prirent pour chef un membre de leur tribu, nommé Abou-Zerhouna[2]. Yezîd envoya contr’eux son parent Ibn-Mihrat-el-Mohellebi. Comme cet officier se laissa battre par eux, Mohelleb, fils de Yezîd et gouverneur du Zab, de Tobna et [du pays] des Ketama, demanda à son père l’autorisation de marcher contre les rebelles. Yezîd y consentit et lui fournit un corps de renforts commandé par El-Alà-Ibn-Saîd-Ibn-Merouan-el-Mohellebi, autre membre de la même famille. Le fils de Yezîd s’étant alors mis en campagne, fit des Ourfeddjouma un massacre épouvantable.

  1. Le texte arabe imprimé et les manuscrits offrent ici une phrase très-incorrecte. Il faut lire Kital à la place de kelt et insérer le mot ilfiten après inkidâ.
  2. Variantes : Zerdjouma, Rezhouma.