Page:Ibn Khaldoun - Histoire des Berbères, trad. Slane, tome 1.djvu/64

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
LIV
INTRODUCTION.

enlever sa place sous le prétexte qu’il n’en connaissait pas les usages. À peine eut-il cessé de remplir les hautes fonctions de grand-cadi, qu’un revirement s’opéra dans l’opinion publique ; on le plaignit, on le loua, on fit des souhaits pour son bonheur et, pendant trois années, il continua à jouir de la considération générale en se bornant à enseigner, à étudier, à compléter et à rédiger de nouveaux chapitres pour son grand ouvrage.

Vers la fin du mois de Ramadan 789 (octobre 1387), il partit pour la Mecque et ayant accompli le pèlerinage, il rentra au Caire l’année suivante et trouva un accueil bienveillant auprès du sultan. « Depuis mon retour, dit-il, j’ai continué jusqu’à ce moment, (nous sommes au commencement de l’an 797 (novembre 1394), à vivre dans la retraite, jouissant d’une bonne santé et uniquement occupé de l’étude et de l’enseignement. Puisse Dieu nous accorder ses grâces, étendre sur nous son ombre tutélaire et nous mener dans la voie de la vertu[1] ! »

Quatorze ou quinze années venaient de s’écouler depuis la destitution d’Ibn-Khaldoun quand il reçut, dans le village où il avait cherché une retraite et qui était situé dans la province de Faiyoum, une dépêche du gouvernement égyptien par laquelle il lui fut enjoint de se rendre à la capitale afin d’y reprendre les fonctions de grand-cadi du rite maléki. Le 15 du mois de Ramadan 801 (mai 1399), il arriva au Caire et commença aussitôt à remplir les devoirs qu’on lui avait imposés. Mais, quinze mois plus tard, il fut remplacé par un autre cadi, cité devant le grand chambellan et gardé aux arrêts pendant quelque temps. Selon un historien égyptien, on le destitua à cause de sa sévérité et de sa promptitude à infliger des punitions.

Dans le mois de Rebiâ premier 803 (oct.-nov. 1400), El-Mélek-en-Nacer-Féredj, fils de Bercouc et sultan d’Égypte, apprit que Tamerlan, appelé aussi Timour, venait d’enlever d’assaut la ville d’Alep. Craignant que Damas et les autres villes de la Syrie n’éprouvassent le même sort, Féredj sortit du Caire le jour même, et alla camper hors de la ville, au Reidanïa, d’où il se mit en

  1. C’est par ces mots qu’Ibn-Khaldoun termine son autobiographie.