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LXIV
INTRODUCTION.

pellent le style des prolégomènes, mais le reste de cette partie de son grand ouvrage n’est évidemment qu’un simple brouillon. Pressé par le sultan hafside, Abou-’l-Abbas, de terminer promptement son travail, il ne se donna pas le temps d’en retoucher le style avant de le livrer au public, de sorte qu’il nous a laissé un bon et savant ouvrage très-mal écrit.

Dans l’ordonnance de son histoire, il n’a pas observé une juste proportion : concis jusqu’à la sécheresse quand il traite de certaines dynasties anciennes, il s’étend outre mesure quand il raconte les événements de l’époque où il vivait.

Malgré ces défauts, on ne saurait refuser de grands éloges à un ouvrage qui se distingue par l’abondance et la nouveauté des renseignements, par l’habileté de l’auteur dans le choix et l’agencement de ses matériaux, par l’adresse avec laquelle il amène ses transitions d’un sujet à un autre et par la manière compréhensive et systématique dont il expose ses faits.

Ce fut en l’an 1825 que le savant et infortuné voyageur, Schulz, inséra dans le Journal asiatique une notice qui laissa entrevoir la grande importance que devait avoir la partie de l’ouvrage d’Ibn-Khaldoun intitulé : Histoire des Berbères. Quelques années plus tard, il fit paraître, dans le même recueil, la traduction d’un des chapitres dans lequel Ibn-Khaldoun discute les origines berbères, et par cette publication il inspira au monde savant le plus vif désir de posséder le seul traité historique qui eût pour sujet les tribus et les empires de l’Afrique septentrionale. Les deux articles de M. Schulz eurent enfin le résultat qu’il avait à peine osé espérer. En 1840, M. le Ministre de la guerre ordonna l’impression de l’Histoire des Berbères, et, sur la recommandation de M. le baron Baude, il voulut bien confier à M. de Slane le soin d’en restaurer le texte et d’en faire la traduction. Puisse l’approbation des savants justifier le choix du Ministre !

Dans les Prolégomènes, Ibn-Khaldoun parle du système qu’il adopta pour la transcription de certains mots berbères qui renferment des sons dont les équivalents n’existent pas dans la langue arabe. Ces sons ne dépassent pas le nombre de deux et peuvent être parfaitement représentés en français par le g dur,