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LXIII
INTRODUCTION.

En terminant cette notice, le traducteur se permettra d’exprimer franchement l’impression qu’a laissée sur son esprit un examen attentif de plusieurs parties du grand ouvrage d’Ibn-Khaldoun. Cet auteur, ayant eu à sa disposition une quantité immense de documents historiques et d’autres écrits, dont la majeure partie est maintenant perdue, s’était proposé d’esquisser, dans une série de sections, faisant chacune un traité à part, l’histoire de toutes les dynasties qui ont paru successivement sur la terre. Il choisit ses matériaux avec un grand discernement, et les mit en ordre avec beaucoup de jugement ; mais, afin de resserrer dans quelques volumes les nombreux faits qu’il avait puisés dans les ouvrages des historiens et généalogistes arabes, des généalogistes berbères, des poètes, des traditionnistes et dans les souvenirs d’une vie longue et agitée, il s’efforça de condenser presqu’au dernier degré cette masse énorme de renseignements. De là, ses phrases concises et heurtées où la pensée est à l’étroit et ne s’entrevoit qu’à demi ; phrases dont l’obscurité est encore augmentée par l’emploi trop fréquent de pronoms et par la mauvaise habitude de désigner les personnages tantôt par leur vrai nom, tantôt par leur patronymie et, tantôt, par leur titre honorifique ou par leur nom ethnique. Dans un très-grand nombre de passages, cette obscurité est si grande que l’arabisant le plus habile serait dans l’impossibilité de s’y guider, à moins de bien connaître les individus dont l’auteur parle et les faits qu’il entreprend de raconter. Ce genre de style n’est, en réalité, que la première expression de la pensée, l’effort d’un esprit qui cherche à énoncer rapidement et en peu de mots les notions qui s’y pressent jusqu’à déborder. L’auteur lui-même avait senti que cette manière d’écrire réunissait tous les défauts que nous venons de signaler ; aussi, dans ses prolégomènes et dans quelques chapitres de son histoire, il tâcha de les éviter. Malheureusement, il passa alors à l’autre extrême et, pour rendre ses idées plus intelligibles, il surchargea ses pages de répétitions inutiles et d’un verbiage recherché. Dans son Histoire des Berbères, on rencontre quelques chapitres qui rap-