Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome I.djvu/537

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D'IBN RHALDOUN. 413

qu'à des les hommes insouciants ' et ne servent de rien dans l'autre monde, la demeure de l'éternité. Mais, tant que l'esprit de corps s'em- ploie au service de la vérité et de la cause de Dieu, il doit être fa- vorisé; si on le supprimait, on rendrait inutiles les prescriptions de la loi; car nous avons déjà dit qu'on ne peut les exécuter, à moins d'être appuyé par l'esprit de corps (d'un fort parti).

Il en est de même de la royauté ; bien que le législateur en té- moigne sa désapprobation, il ne veut pas condamner l'esprit de do- mination qui agit dans l'intérêt de la bonne cause, ni l'emploi de la force pour obliger les hoiumes à respecter la religion et pour contri- buer à l'avantage de la communauté. Il ne blâme que la domination que l'on exerce en vue de la vaine gloire et l'emploi du peuple pour accomplir des projets ambitieux ou pour satisfaire à ses passions. Si le roi montrait d'une manière claire qu'il fait des conquêtes afin de plaire à Dieu, de porter les hommes à l'adorer et à combattre les ennemis de la foi, une telle conduite ne serait pas répréhensible. Salomon a dit : « Seigneur! donne-moi un empire qui ne conviendra à personne après moi ^. « Il avait la conviction intime qu'eu sa qua- lité de prophète-roi, il ne rechercherait pas la vaine gloire. Quand le khalife Omar Ibn el-Khattab se rendit en Syrie, il y trouva Moaouïa, vêtu en souverain, environné d'une suite nombreuse et à la tête d'un cortège vraiment royal. Choqué de ce spectacle, il lui dit: «Est-ce du chosroïsme que tu fais là? — Emir des croyants, lui répondit Moaouïa, nous sommes sur la frontière, en face de fen- nemi, et c'est pour nous une nécessité de rivaliser avec lui en pompe guerrière. » Omar ne lui dit plus rien et ne lui fit pas de reproches.

��' Les manuscrits et les deux éditions imprimées portent ^..aëjJI. Le traducteur turc paraît avoir lu vXijJI ^y> ^^J (jL^, car il rend la phrase ainsi: aAj.^^ cj-L^j^jJ cjjaI.I .J.i>a-« y^J^Uo c.Li3.l, c'est-à-dire, «cette chose hlàmable ne devant pas être comptée au nombre des actions des hommes inlelligents ». Dans le texte d'Ibn

��Khaldoun, il faut donc insérer le mot ^j^ après yL^ , ou bien remplacer j'.ilajJI « les intelligents n par j> jliuJI « les insouciants. » " C'est-à-dire , que personne après moi ne SQra capable de gouverner, ou bien , dont personne après moi n'aura jamais le pareil. (Voy. Coran, sour. xxxviii, v. .54, et le Commentaire d'El-Beïdaoui.)

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