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DIBN KHALDOUN. 453

le cadi les réunit à ses autres attributions : elles consistent à infliger des peines arbitraires aux malfaiteurs, et des peines légales aux cri- minels convaincus par la loi. C'est, pour ainsi dire, le complément des fonctions qu'il exerce en sa qualité de cadi. Cette organisation s'est conservée jusqu'à nos jours.

Le redressement des griefs n'est plus un de ces offices que l'on réserve aux partisans dévoués de l'empire. Tant que le gouvernement était un khalifat purement religieux, on confiait cette charge, qui était d'institution religieuse, à des gens de son parti, dont on connais- sait le talent et le dévouement; c'est-à-dire à des Arabes et à des clients que Ton s'était attachés par les liens du serment, ou par ceux de l'affranchissement ' ou par les bienfaits. Après la ruine de la puissance temporelle du khalifat, le gouvernement se convertit en monarchie, et, comme les charges dont nous parlons n'étaient monar- chiques ni d'institution ni de nom, elles perdirent, aux yeux du roi ou sultan, une partie de leur importance. Plus tard, le pouvoir échappa tout à fait aux Arabes et passa entre les mains des Turcs et des Ber- bers, peuples qui appréciaient encore moins la dignité des ofQces fondés par le khalifat, offices dont la marche et l'esprit ne leur étaient pas familiers. Pour les Arabes, la religion était la seule loi; le Pro- phète appartenait à leur race; ses opinions et ordonnances servaient P. 4o2. à fixer leurs croyances, à régler leur conduite et à les distinguer des autres peuples. Les étrangers (qui avaient usurpé le pouvoir) n'é- taient pas animés de pareils sentiments; mais ils accordaient un cer- tain degré de considération aux hommes qui remplissaient ces charges parce qu'ils travaillaient uniquement pour le service de la religion. Quand ils avaient à remplacer un de ces officiers, ils choisissaient, non pas un compatriote , mais un de ces individus qui , sous les khalifes pré- cédents, s'étaient montrés dignes de ces emplois. Or (les familles de) ces personnes, ayant vécu pendant des siècles dans l'aisance que pro- cure un gouvernement régulier, avaient échangé les habitudes rudes et austères de la vie nomade contre les usages du luxe et du bien-

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