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et capable d'agir par lui-même, fait des efforts pour acquérir les choses dont il peut tirer un profit, et cela dans le but de les em- ployer, si Dieu les lui accorde, comme moyens d'échange, dans le cas où il veut se procurer celles dont il peut avoir besoin ou qui lui sont d'une nécessité absolue. Dieu lui-même a dit : Cherchez donc auprès de Dieu le bénéfice [que vous désirez). [Coran, sour. xxix, vers. 1 6.) Quelquefois fhomme obtient cela sans effort; ainsi Dieu lui donne la pluie, qui favorise la culture des terres; mais de tels dons ne sont que de simples secours et ne dispensent pas de travailler, ainsi qu'on le verra plus loin. Si les choses que l'homme parvient à acquérir sont en quantité suffisante pour subvenir à ses besoins et lui procurer le nécessaire, on les désigne par le terme subsistance [ma-ach), et si elles sont en plus grande quantité, on les nomme richesses [riach] ou fonds^. Ce que fhomme reçoit et ce qu'il acquiert s'appelle béné- fice [rizc], s'il en retire de l'utilité et s'il en recueille le fruit. Cela lui arrive quand il dépense ce qu'il a obtenu pour les choses dont il a besoin ou qui lui sont utiles. Le Prophète a dit : " Les biens que tu as réellement possédés, ce sont les mets que tu as consommés en les mangeant, les habits que tu as usés en les portant et les choses que tu as données en aumônes. » Ce que l'homme a obtenu ne doit pas s'appeler bénéfice s'il ne s'en sert pas pour augmenter son bien-être ou pour subvenir à ses besoins. La possession des biens, quand elle est le résultat des efforts de l'homme et de sa force, se nomme ac- quisition [kesb). Il en est de même des successions : l'héritage, envi- sagé comme ayant appartenu au défimt, ne s'appelle pas bénéfice, mais acquisition, car le mort n'en a retiré aucun avantage; mais, consi- déré comme appartenant aux héritiers, il prend ce premier nom, s'ils remploient utilement. Tel est le véritable sens du mot bénéfice, selon les docteurs orthodoxes.

Les Motazélites permettent d'appeler bénéfice les biens laissés par un mort, pourvu que ces biens aient été acquis d'une manière légale.

Le mol arabe est motamaouwel , et procure des richesses. » Ce mol désigne signifip «qui enrichit n, ou bien», ce qui toutes les choses qui ont une valeur.

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