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CATILINA

Je suis semblable à Icare,
Dans les nuages, emporté par mes ailes.
Dans mon songe, je croyais que les dieux immortels,
M’accordaient des forces surhumaines
Et qu’ils mettaient la foudre à ma disposition :
Alors ma main saisissait dans son vol le feu du ciel
Et le lançait là-bas vers la cité.
Puis quand montaient les flammes rouges,
Quand enfin Rome disparaissait,
Sous un nuage sanglant,
Je criais d’une voix forte et puissante
Qu’il fallait faire revenir Caton et ses amis.
Et mille esprits accouraient à mon appel,
Tous ces esprits reprenaient la vie ;
Et une nouvelle Rome sortait des cendres.

(S’interrompant.)

Tout cela ne fut qu’un songe,
Aucun Dieu ne saurait faire revenir le passé
Sous la lumière du jour présent,
Les esprits ne sortent pas des enfers.

(D’un ton sauvagement sinistre.)

Eh bien ! si cette main n’a pas la force
De reconstruire l’ancienne Rome, notre Rome,
La Rome actuelle va périr,