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PREFACE

trouvais en guerre ouverte avec la petite société où le destin et les circonstances m’obligeaient à vivre.

Tel était donc mon état d’esprit quand en préparant mon examen j'étudiai le Catilina de Salluste et les Calilinaires de Cicéron, je dévorai rapidement ces écrits et en peu de temps mon drame fut terminé.

Comme on le verra, je ne fus pas de même opinion que les deux écrivains Romains sur les mobiles du révolté.

Et aujourd’hui encore, je ne suis pas éloigné de croire à une certaine grandeur et à des qualités éminentes chez l'homme que Cicéron, l’infatigable avocat des majorités, osa attaquer seulement quand ce fut sans péril. De plus, peu de personnages historiques ont été comme Catilina jugés exclusivement par des adversaires.

Mon drame fut composé et écrit pendant les heures que je prenais sur mon sommeil. Le pharmacien, mon patron, était honnête et bon, mais il n’avait d’autre préoccupation que le succès de ses affaires commerciales et pour pouvoir préparer mon examen il me fallait pour ainsi dire lui dérober les instants qui m’étaient nécessaires pour mon travail, et sur ce temps volé il me fallait trouver encore le moment où je pouvais faire un peu de littérature. Pour ces dernières études, il ne me restait guère que les heures de la nuit. C’est pour cela, j'imagine, qu’inconsciemment j’ai placé toute l’ac-