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PREFACE

tion de Catilina dans la nuit. Naturellement je devais soigneusement tenir secrètes mes ambitions dramatiques dans le milieu où je vivais. Mais il est bien difficile à un poète de vingt ans de ne pas avoir de confidents et j’exposai mon but, mon idée à deux jeunes amis de mon âge.

Tous les trois nous avions assis de grandes espérances sur Catilina. Le drame terminé, il fallut d’abord le recopier, puis, sous un pseudonyme, l’envoyer au théâtre de Christiania, enfin le faire imprimer. Un de mes deux amis se chargea de recopier en belle calligraphie mon brouillon et il le fit avec tant de conscience qu’il n’oublia pas un seul point, ni aucun de ces traits que j’avais placé un peu partout, dans l’inspiration en cherchant le mot juste.

Le second partit pour Christiania avec le manuscrit. Je le puis nommer, il est mort, c’était l’étudiant plus tard avocat, A. C. Schulewid. Je me rappelle encore la lettre par laquelle il m’annonçait que Catilina avait été déposé au théâtre royal et que la pièce serait sûrement représentée, car le comité de lecture se composait d’hommes éminents. Il n’était pas davantage douteux que tous les éditeurs payeraient volontiers une assez jolie somme les droits de la première édition, il importait donc simplement de découvrir quel était l’éditeur qui payerait le mieux.

Après une attente pénible les difficultés se montrèrent, au théâtre