Page:Ibsen - Le Canard sauvage, Rosmersholm, trad. Prozor, 1893.djvu/167

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

reviendrait auprès de vous ! Mais je crois en vous, Hedwige, j’y crois encore.

(Il sort par la porte du palier.)
(Hedwige, après avoir tourné autour de la chambre, se dispose à aller à la cuisine. Au même instant, on frappe à la porte du grenier. Hedwige l’entr’ouvre, le père Ekdal entre, elle ferme la porte.

ekdal. — Hum, ce n’est pas amusant, tu sais, de faire son petit tour du matin tout seul.

hedwige. — Tu n’aurais pas envie d’aller à la chasse, grand-père ?

ekdal. — C’est pas un temps pour chasser. Fait trop sombre. On n’y voit pas à deux pas.

hedwige. — N’as-tu jamais envie de tirer autre chose que tous ces lapins ?

ekdal. — Ça ne vaut donc plus rien, les lapins ?

hedwige. — Et le canard sauvage, hein ?

ekdal. — Ha, ha : Tu crains que je ne te tue ton canard. Jamais de la vie, entends-tu, jamais !

hedwige. — Non, tu ne pourrais pas. On dit que c’est très difficile à tuer, un canard sauvage.

ekdal. — Pourrais pas ? Me semble que si, que je pourrais !

hedwige. — Comment t’y prendrais-tu, grand-père ? Il ne s’agit pas de mon canard, mais de n’importe quel autre.

ekdal. — Je tâcherais de lui mettre un plomb dans la poitrine, comprends-tu. C’est ce qu’il y a de