Page:Ibsen - Le Canard sauvage, Rosmersholm, trad. Prozor, 1893.djvu/173

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feuilles détachées en main, et les posant sur la table. — Que veux-tu que je fasse de cette valise ? J’ai des tas de choses à emporter.

gina, le suit, en portant la malle. — Tu peux bien attendre pour le reste et emporter seulement une chemise et un caleçon.

hialmar. — Ouf… toutes ces fatigues du départ !

(Il ôte son pardessus et le jette sur le sofa.)

gina. — Et le café qui va être froid.

hialmar. — Hum.

(Il avale machinalement une gorgée, puis une autre.)

gina, essuyant les dossiers des chaises. — Le plus difficile à trouver, ce sera un grenier comme celui-ci pour les lapins.

hialmar. — Comment ! Tu crois que j’emporte aussi les lapins ?

gina. — Je crois, moi, que grand-père ne pourra jamais s’en passer, de ses lapins.

hialmar. — Il faut qu’il s’y habitue, ma foi. Il y a des sacrifices plus grands que celui de quelques lapins et pourtant je dois m’y résoudre.

gina, époussetant les rayons de l’étagère. — Veux-tu que j’emballe la flûte ?

hialmar. — Non. Pas de flûte ! En revanche, le pistolet ?

gina. — Tu veux emporter le pissolet ?

hialmar. — Oui : mon pistolet chargé.