Page:Ibsen - Le Canard sauvage, Rosmersholm, trad. Prozor, 1893.djvu/174

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gina, cherchant. — Il n’est pas là. Il l’aura pris avec lui.

hialmar. — Il est au grenier ?

gina. — Pour sûr qu’il sera allé au grenier.

hialmar. — Pauvre vieillard solitaire !

(Il prend une tartine, la mange et avale le reste du café.)

gina. — Si nous n’avions pas loué la chambre à ct’heure, tu pourrais t’y transporter.

hialmar. — J’irais demeurer sous le même toit que… — Jamais ! Jamais !

gina. — Mais ne pourrais-tu pas t’établir au salon pour un jour ou deux ? Tu serais tout à fait seul.

hialmar. — Dans ce logement ? Pour rien au monde !

gina. — Dans ce cas, chez Relling et Molvik ?

hialmar. — Ne prononce pas le nom de ces gens-là ! Rien que d’y penser, je serais capable de perdre l’appétit. Non ! Je devrais bien, dans la neige et dans la tourmente, aller de maison en maison, chercher un abri pour mon vieux père et pour moi.

gina. — Mais tu es sans chapeau, Ekdal. Tu as perdu ton chapeau.

hialmar. — Oh ! ces rebuts de l’humanité ! Ces monstres de vices ! Il me faut un chapeau. (Il prend une nouvelle tartine.) — Il faudra prendre des mesures. Je n’ai pas l’intention de passer ma vie ici.

(Il cherche quelque chose sur le plateau.)