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ROSMERSHOLM

rébecca. — Vous ferez bien. Le pasteur ne tardera pas à rentrer.

madame helseth. — Mademoiselle n’est-elle pas dans un fort courant d’air ?

rébecca. — En effet. Si vous vouliez fermer.

(Mme Helseth ferme la porte du vestibule et s’approche de la fenêtre.)

madame helseth, regardant au dehors. — N’est-ce pas le pasteur qui vient par là ?

rébecca, vivement. — Où cela ? (Se levant.) Oui, c’est lui. (Se cachant derrière le rideau.) Éloignez-vous. Il ne faut pas qu’il nous aperçoive.

madame helseth, au milieu de la chambre. — Pensez donc, mademoiselle, il recommence à prendre le chemin du moulin.

rébecca. — Il l’avait déjà pris avant-hier. (Écartant un peu le rideau.) Voyons, maintenant.

madame helseth. — Traversera-t-il la passerelle ?

rébecca. — C’est justement ce que je veux voir. (Après un instant.) Non ; voici qu’il rebrousse chemin comme l’autre jour et remonte le long du courant. (S’éloignant de la fenêtre.) Un long détour.

madame helseth. — Mon Dieu, oui. Je comprends qu’il lui soit pénible de traverser cette passerelle où le malheur est arrivé…

rébecca, repliant son ouvrage. — On ne se détache pas facilement des morts, à Rosmersholm.