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ROSMERSHOLM

chose quand ton père t’a fait entrer dans le pastorat.

rosmer. — J’avais raison. Aussi m’en suis-je démis.

kroll. — Si tu te montres seulement aussi capable comme rédacteur que tu l’as été comme pasteur, nous serons satisfaits.

rosmer. — Mon cher Kroll — je te le dis une fois pour toutes, — je n’accepte pas.

kroll. — Mais alors, — tu nous prêteras du moins ton nom.

rosmer. — Mon nom ?

kroll. — Oui. Le nom seul de Jean Rosmer, sera déjà un avantage pour la feuille. Nous autres, on nous considère comme des hommes de parti bien prononcés. Quant à moi, en particulier, je suis regardé, me dit-on, comme un fanatique enragé. Voilà pourquoi nous n’espérons pas nous faire écouter par les foules égarées, si nous écrivons sous notre propre nom. Toi, par contre, — tu es toujours resté en dehors de la lutte. Ton esprit doux et juste, la distinction de tes pensées, la droiture inattaquable de ton caractère, sont connus et appréciés de tous. Ajoute à cela la considération et le respect que t’attire le sacerdoce que tu as exercé, enfin la respectabilité attachée au nom de ta famille. Pense donc !

rosmer. — Quant au nom de ma famille…