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ROSMERSHOLM

sont pas de ton bord, du sarcasme que tu mêlais à tes censures. Ah, Kroll, te voir ainsi transformé ! C’est alors que le devoir m’est apparu, un devoir impérieux. Le combat qui se livre rend les hommes méchants. Les esprits ont besoin de paix, de joie, de réconciliation. Voilà pourquoi je me mets sur les rangs, me donnant ouvertement pour ce que je suis. Et puis, je veux essayer mes forces ! moi aussi. Ecoute-moi, Kroll : ne voudrais-tu pas — de ton côté — seconder ce mouvement ?

kroll. — Jamais de ma vie je ne ferai de compromis avec ces forces de destruction qui minent la société.

rosmer. — Eh bien ! S’il faut absolument combattre, ne nous servons du moins que d’armes courtoises.

kroll. — Quiconque n’est pas avec moi dans les questions vitales, je ne le connais plus, et ne lui dois aucun ménagement.

rosmer. — Dois-je prendre cela pour moi ?

kroll. — C’est de toi, Rosmer, que vient la rupture.

rosmer. — C’est donc une rupture !

kroll. — Si c’en est une ! Une rupture avec tous ceux qui te tenaient de près. Oui ! Et tu en supporteras les conséquences.

(Rébecca West entre par la porte de droite, qu’elle laisse grande ouverte.)