Page:Ibsen - Le Canard sauvage, Rosmersholm, trad. Prozor, 1893.djvu/297

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
289
ROSMERSHOLM

kroll. — C’est bien possible. Mais le calcul pourrait bien se trouver juste tout de même : c’est que le docteur West a fait une courte visite dans ces parages, l’année qui a précédé sa nomination.

rébecca, avec éclat. — Ce n’est pas vrai !

kroll. — Ce n’est pas vrai ?

rébecca. — Non, car ma mère n’en a jamais parlé.

kroll. — Vraiment !

rébecca. — Non, jamais ! et le docteur West non plus. Jamais un mot.

kroll. — C’est peut-être qu’ils avaient tous deux une raison pour sauter par dessus une année : Exactement comme vous l’avez fait vous-même, mademoiselle West. Peut-être est-ce là un trait de famille.

rébecca, marchant avec agitation et se tordant les mains. — C’est impossible. Vous voulez m’en imposer. Ce n’est pas vrai ! C’est faux ! Cela ne se peut pas ! Jamais, jamais !

kroll, se levant. — Voyons, ma chère amie, pourquoi le prendre ainsi, grand Dieu ! Vous m’effrayez, vraiment ! Que dois-je croire ? Que dois-je penser ?

rébecca. — Rien. Vous n’avez rien à croire, rien à penser.

kroll. — Expliquez-moi alors comment il se