Page:Ibsen - Le Canard sauvage, Rosmersholm, trad. Prozor, 1893.djvu/298

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
290
ROSMERSHOLM

fait que vous preniez cette chose, cette possibilité tellement à cœur.

rébecca, reprenant contenance. — C’est assez clair, me semble-t-il, monsieur le recteur. Je n’ai pourtant pas envie de passer ici pour une enfant illégitime.

kroll. — Bien. J’accepte cette explication, jusqu’à nouvel ordre. Mais voilà donc encore un point sur lequel vous avez conservé certains préjugés.

rébecca. — Il paraît que oui.

kroll. — Eh bien ! il me semble qu’il en est de même de la plupart des idées qui constituent ce que vous appelez votre émancipation. Votre esprit s’est approprié tout un fond de pensées, de convictions nouvelles. Vous avez acquis quelque connaissance des travaux accomplis dans certains domaines, et qui paraissent renverser trl ou tel autre principe regardé jusqu’à présent, parmi nous, comme immuable et hors d’atteinte. Mais tout cela, mademoiselle West, est resté chez vous à l’état de notion. Ce n’est que du savoir. Cela ne vous a pas passé dans le sang.

rébecca, pensive. — Peut-être avez-vous raison dans ce que vous dites.

kroll. — Interrogez-vous seulement et vous verrez. Et, s’il en est ainsi de vous, il est facile de comprendre ce qui se passe dans l’âme de Jean Rosmer. C’est de la folie pure et simple. Pour lui,