Page:Ibsen - Le Canard sauvage, Rosmersholm, trad. Prozor, 1893.djvu/63

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hedwige. — Ça ! C’est une feuille de papier, voilà tout.

hialmar. — C’est un menu, petite. Le menu du dîner. Tu vois : c’est écrit dessus.

hedwige. — Tu n’as que cela ?

hialmar. — Puisque je te dis que j’ai oublié. C’est un sot divertissement que toutes ces friandises. Assieds-toi là et fais la lecture du menu. Je te décrirai ensuite le goût des plats. Eh bien, Hedwige !

hedwige, avalant ses larmes. — Merci.

(Elle s’assied, mais ne lit pas. Sa mère lui fait un signe. Hialmar le remarque.)

hialmar, arpentant la scène. — C’est incroyable, tout ce qu’un père de famille doit se rappeler. Et s’il oublie la moindre des choses, — vite on lui fait grise mine. Allons ! on s’habitue à tout. (Il se rapproche de son père, assis près du poêle.) As-tu jeté un coup d’œil là dedans, ce soir ? Dis, père.

ekdal. — Je crois bien. Il est entré dans le panier.

hialmar. — Ah ! il est entré dans le panier ! Il commence à s’habituer.

ekdal. — Je te le disais bien. Seulement il y aurait quelques changements à faire, vois-tu pour…

hialmar. — Quelques perfectionnements, oui.

ekdal. — Il faut les faire, sais-tu.