Page:Ibsen - Le Canard sauvage, Rosmersholm, trad. Prozor, 1893.djvu/99

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hedwige. Vous pourriez dire au fond de la mer, ou au fond de l’eau.

grégoire. — Pourquoi pas « au fond des mers ? »

hedwige. — Cela me semble si drôle quand d’autres disent « le fond des mers ».

grégoire. — Pourquoi cela ? Pourquoi, dites ?

hedwige. — Non, je ne veux pas, c’est trop bête !

grégoire. — Pas du tout. Dites-moi pourquoi vous avez souri ?

hedwige. — Voilà : toutes les fois que je pense à tout ça ensemble, à ce qu’il y a là dedans, je me dis que le grenier et ce qu’il contient s’appelle d’un seul nom : « le fond des mers ». — Mais c’est si bête.

grégoire. — Ne dites pas cela.

hedwige. — Si, puisque c’est tout simplement un grenier.

grégoire, la regardant fixement. — En êtes-vous bien certaine ?

hedwige, avec stupéfaction. — Que c’est là un grenier ?

grégoire. — Vous en êtes sûre ?

hedwige hedwige se tait et le regarde, bouche béante.

(Gina entre, venant de la cuisine et portant une nappe et de la vaisselle.)

grégoire, se levant. — Je crains d’être venu trop tôt.

gina. — Il faut bien que vous soyez quelque part.