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LES REVENANTS

engstrand. — Qu’aurais-je fait de mes deniers, ici, au village ?

régine. — Voyons, continue.

engstrand. — Eh bien, vois-tu, j’ai pensé à placer cet argent de manière qu’il me rapportât quelque chose. Il y aurait à entreprendre quelque chose, comme une espèce d’auberge pour les marins.

régine. — Pouah !

engstrand. — Je m’entends : quelque chose de propre comme auberge ; pas une cochonnerie pour les matelots. Non, jour de Dieu, ce serait pour les capitaines de vaisseaux, les pilotes, etc., tout ce qu’il y a de mieux, vois-tu !

régine. — Et je devrais, moi ?

engstrand. — Tu devras m’aider, oui. Rien que pour l’apparence, tu comprends. Ah bien, non, mort de Dieu ! rien du gros ouvrage, mon enfant. Tu ne feras que ce que tu voudras.

régine. — Ah ! Très bien.

engstrand. — Mais il faut de la femme à la maison ; c’est clair comme le jour. Le soir il faudrait s’amuser un brin, avec du chant, de la danse et tout ce qui s’ensuit. Songe donc, voilà des gens de mer lancés là, sur l’océan du monde. (S’approchant d’elle.) Voyons, Régine, ne sois pas bête, ne te fais pas de tort à toi-même. Que veux-tu devenir ici ? A quoi ça te servira que madame