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THÉATRE

le pasteur. — Oui, on m’apprend que vous nous restez tout l’hiver.

oswald. — Je suis ici pour un temps indéterminé, monsieur le pasteur. Ah, qu’il est bon de rentrer chez soi !

madame alving, rayonnante. — N’est-ce pas, mon cher garçon !…

le pasteur, le regardant avec intérêt. — Vous étiez bien jeune lorsque vous avez commencé à courir le monde, mon cher Oswald.

oswald. — C’est vrai, je me demande quelquefois si je n’étais pas trop jeune.

madame alving. — Pas du tout ; cela ne fait que du bien à un garçon dégourdi et surtout à un fils unique. Il est mauvais de rester au coin du feu, entre père et mère, et d’y devenir un enfant gâté.

le pasteur. — C’est là un problème difficile à résoudre, madame Alving. Après tout, c’est au foyer paternel que sera toujours la véritable patrie de l’enfant.

oswald. — En cela, je suis tout prêt à me ranger à l’avis du pasteur.

le pasteur. — Voyez, plutôt, votre propre fils. Oui, nous pouvons fort bien parler de cela en sa présence. Quel a été le résultat en ce qui le concerne ? Le voici atteignant vingt-six ou vingt-sept ans, et jamais il n’a eu l’occasion de connaître la vraie vie de famille…