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LES REVENANTS

oswald. — Pardonnez-moi, monsieur le pasteur… vous êtes sur ce point complètement dans l’erreur.

le pasteur. — Vraiment ? Je croyais que vous n’aviez fréquenté presque exclusivement que les cercles d’artistes.

oswald. — C’est parfaitement exact.

le pasteur. — Et spécialement ceux des jeunes artistes.

oswald. — Comme vous le dites.

le pasteur. — Et je croyais que la plupart d’entre eux n’avaient pas les moyens de fonder une famille et de se constituer un foyer.

oswald. — Il y en a quelques-uns qui ne peuvent pas se marier, monsieur le pasteur.

le pasteur. — Eh bien ! c’est précisément ce que je dis.

oswald. — Mais cela ne les empêche pas d’avoir un foyer, et souvent ils en ont un… et un foyer très bien organisé, très convenable.

madame alving, attentive à ces paroles, les approuve de la tête, mais sans dire un mot.

le pasteur. — Ce n’est pas d’un ménage de garçon qu’il s’agit. J’appelle un foyer, un foyer domestique, où un homme vit avec sa femme et ses enfants.

oswald. — Oui, ou avec ses enfants et la mère de ses enfants.